Passeport Numérique: vers quelle traçabilité des vélos en Europe ?

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Le Passeport Numérique des produits ou Digital Product Passport (DPP) est un futur outil-clé de la politique européenne pour améliorer la traçabilité des produits, renforcer l’économie circulaire et encourager une production plus durable.   

Exigé par la Commission européenne à partir de 2027, le passeport numérique devrait impacter le quotidien des entreprises et l’ensemble du cycle de vie d’un vélo : de sa fabrication à sa fin de vie, en passant par la vente, l’entretien et le reconditionnement.  

Inscrit dans la stratégie européenne d’écoconception, le DPP vise à structurer, tracer et rendre accessibles des données essentielles. Cela sur chaque produit et avec une forte orientation vers l’économie circulaire ♻️

Visionner le replay du webinaire réalisé sur ce sujet ci-dessous 👇

Un cadre réglementaire en construction

Le Passeport Numérique des produits s’intègre au règlement sur l’écoconception des produits durables (ESPR) récemment adopté par l’UE. Les travaux de normalisation ont débuté en janvier 2024, avec pour objectif de définir des normes harmonisées permettant une présomption de conformité. La Commission européenne est responsable de la publication du texte, dont la première application devrait concerner les batteries dès février 2027. 

Le dispositif étant en cours d’élaboration, certains points évoqués peuvent évoluer. 

Mais alors quels enjeux pour la filière vélo ?

Le DPP devrait couvrir l’intégralité du cycle de vie du vélo, avec un accès centralisé et sécurisé à toutes les données sur : 

  • Fabrication et marquage 
  • Vente et services associés 
  • Entretien et réparations (ex. carnet d’entretien)  
  • Reconditionnement 
  • Fin de vie et recyclage 

Il offrira un suivi complet et simplifié grâce à un accès aux documents techniques, aux rappels produits et à l’historique d’entretien. Il contribuera également à enrichir l’expérience client en ouvrant la voie à de nouveaux services numériques comme l’assurance, la protection contre le vol ou encore l’assistance d’urgence. En garantissant un historique certifié, il facilitera la revente et augmentera la valeur du vélo sur le marché de l’occasion. 

Ce passeport pourrait s’imposer comme un levier de performance pour l’ensemble de la chaîne de valeur. En fluidifiant et en fiabilisant la circulation des données, il permettra de réduire les pertes d’informations et de renforcer la coopération entre constructeurs, réparateurs, reconditionneurs, assureurs et usagers. En favorisant également la réparabilité, la réutilisation et le recyclage, il soutiendra pleinement la transition vers une économie circulaire. 

Quelles données sont concernées ?

Il sera nécessaire de structurer un large ensemble de données : 

  • Informations générales : numéro de série, marquage, caractéristiques générales
  • Conception : provenance, assemblage, chaîne de production, fabrication
  • Composants : caractéristiques techniques, nomenclature (BOM)
  • Propriété : distribution, facturation, traçabilité des ventes et achats
  • Réparations & maintenant : carnet d’entretien, diagnostics, pièces remplacées, IoT connectés
  • Durabilité : empreinte carbone, durée de vie, réparabilité

Les exemples indiqués sont non-exhaustifs.

De nombreuses entreprises du secteur accélèrent leurs efforts de recherche et développement autour de la donnée dans différents domaines : maintenance et exploitation, valorisation et financement, e-commerce et services connectés, comptabilité et circularité ou encore l’IoT et connectivité. La filière vélo est en pleine transformation. 

Les défis actuels identifiés

La mise en place du DPP se heurte cependant à plusieurs défis. La multiplicité des acteurs et des systèmes existants, le manque de standardisation des pièces et composants ainsi que la dispersion des données compliquent aujourd’hui la création d’un cadre harmonisé. L’ambition de l’Union européenne est de développer un format partagé. Ce dernier reposera sur un support capable de donner accès aux mêmes informations, quels que soient les outils utilisés. 

Pour anticiper cette future réglementation, une entreprise peut dès aujourd’hui commencer à se préparer en collectant les différentes catégories de données, même au moyen de fichiers simples. Plusieurs approches sont possibles et peuvent être adaptées selon les ressources humaines et financières disponibles, par exemple : 

  • Dresser la liste des sorties d’usine. 
  • Établir des nomenclatures (BOM) par modèle afin de détailler les pièces composant chaque vélo et éviter toute prise de retard. 
  • Centraliser les données dans un CRM ou les identifier via l’APIC. 
  • Consigner les opérations de maintenance et de diagnostic à travers des comptes rendus d’intervention. 

Une fois les données correctement collectées, il devient possible d’analyser le cyclescore, d’intégrer plus efficacement les retours de maintenance et ainsi d’améliorer la conception des futurs produits.  

En conclusion

Le DPP ne doit pas être perçu comme une contrainte réglementaire, mais bien comme une opportunité stratégique pour les acteurs. Il leur permettra d’améliorer la transparence des produits, de faciliter leur maintenance et leur revalorisation. Mais également de renforcer leur intégration dans l’économie circulaire et de démontrer leur engagement environnemental auprès des consommateurs. Le tout en anticipant les futures exigences du marché européen.  

En reliant constructeurs, réparateurs, reconditionneurs, loueurs, assureurs et usagers, le DPP devrait créer un langage commun au service de toute la chaîne de valeur. Il est possible de s’y préparer dès maintenant !

Ces éléments de contexte sont issus du webinaire organisé par CARA, CYGO et Vélo Vallée. Ce webinaire avait pour objectif d’informer et de sensibiliser la filière vélo à ce futur changement réglementaire