Crise Russie – Ukraine, quelles conséquences pour l’industrie automobile mondiale

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Mise à jour le 25/03/2022

La crise que nous connaissons actuellement entre la Russie et l’Ukraine risque d’avoir un impact sur l’industrie automobile mondiale. Depuis vendredi dernier, les états-majors gouvernementaux et les organisations mondiales sont mobilisés. Mais plusieurs grandes entreprises le sont aussi. Et si les cellules de crise se multiplient au sommet des États, à Paris, Bruxelles, Berlin ou Washington, des réunions d’urgence ont également été programmées à la direction des grands groupes privés dans le but de mesurer l’impact de la crise à la lecture des sanctions déjà prononcées, ou qui devraient l’être plus-tard contre la Russie.

Informations à destination des entreprises françaises

Plusieurs points de contacts dédiés aux entreprises sont ouverts pour les informer et répondre à leurs préoccupations, en fonction de la problématique rencontrée.

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Renault annonce la suspension de l’activité industrielle de son usine de Moscou

Peu après l’annonce de Stellantis pour l’usine de Kaluga et de Volkswagen pour celles de Kaluga et Nizhni-Novgorod. Dans la matinée du jeudi 24 mars, un dirigeant encore présent sur place le confirme : « L’usine maintenant, elle ne marche pas. La production de voitures est arrêtée ». Face à la pression et le conflit en Ukraine, le groupe suspend ses activités. Depuis plusieurs semaines, la production était déjà au ralenti. A rappeler que Renault détient 3 usines en Russie. Ces usines (Togliatti, Izhevsk, Moscou) ont donc produit près de 500 000 véhicules l’année dernière, dont près de 300 000 à Togliatti, 100 000 à Izhevsk et 100 000 à Moscou.

Quant à Nissan et Mitsubishi, qui sont membres du groupe Renault-Nissan en Russie et dans le monde, rien n’a été annoncé jusqu’à aujourd’hui. Ces d eux marques produisent et vendent en Russie moins de 100 000 véhicules par an depuis 2020, ce qui relativise leur position dans ce pays par rapport à Renault.

Tout départ des constructeurs européens du marché russe représente une opportunité pour des acteurs tels que les constructeurs chinois, qui pourraient regagner leurs parts de marché.

Semi-condusteurs : une crise qui ne connait pas de fin ?

Pénurie de composants semi-conducteurs

En 2021, la production de puces a nécessité pas moins de 540 tonnes métriques de néons. Cependant, l’interruption de la production de néons assombrit les perspectives pour le secteur des semi-conducteurs. En effet, les deux principaux fabricants ukrainiens de néon, Ingas et Cryoin, ont stoppé leur production, qui représente la moitié de l’approvisionnement mondial. L’invasion de l’Ukraine pourrait donc renforcer la crise mondiale des semi-conducteurs qui avait débuté en 2020 avec la pandémie et l’arrêt temporaire de la production en Asie, notamment en Asie (Chine, Taiwan et en Corée du Sud), aux États-Unis et en Allemagne. Les fabricants dans ces pays peuvent avoir constitué des stocks, mais il est probable que ceux-ci, s’ils existent, soient taris dès le mois d’avril. A noter qu’environ 45% à 54% de la production mondiale de néon pour les semi-conducteurs, proviennent des deux sociétés ukrainiennes. Ingas représente 15.000 à 20.000 m3 de néons produits par mois. Cryoin, moins importante, fournit 10.000 à 15.000 de ce gaz destiné à 75% pour les semi-conducteurs. 

Pourquoi renault est aujourd’hui face à un gros risque ?

Depuis son arrivée en 2008, Renault a lourdement investi dans la production automobile russe à travers sa marque Lada. Et non seulement, la filiale russe a engrangé 2,9 milliards de dollars de chiffre d’affaires l’an passé (soit 6 % de celui de l’ensemble du groupe Renault). En plus, Lada n’est pas la seule marque russe du groupe puisque les Dacia y sont également vendues sous le logo Renault. Par ailleurs, des interrogations émergent sur l’approvisionnement. Détenant trois sites de production, le site de Moscou dépend à 40% de pièces importées, tandis que les deux autres sont exposés à environ 20%. Toutes ces incertitudes autour de cette crise et les suppositions que les marchés financiers ont déjà anticipées ont fait dévisser Renault en bourse qui a perdu plus de 10% lors des premiers échanges.

Valéo : Situation de l’usine de fabrication en Russie

Equipementier français présent en Russie avec une usine de fabrication d’embrayage et de systèmes thermiques de groupe de climatisation mais qui ne représente que 1% de son chiffre d’affaires. À la suite des sanctions décidé par l’Union Européenne, l’entreprise a été contrainte de bloquer les paiements de quelques fournisseurs, qui passent par certaines banques, ce qui perturbe l’activité. Par ailleurs, Renault avec sa marque Lada est client de Valéo en Russie. L’entreprise répond qu’après la crise du Covid-19 et celle des semi-conducteurs, le marché automobile qui est victime d’une sous-production reste bon. Pour le Directeur général de Valéo, Christophe Périllat, l’inflation, c’est probablement la préoccupation numéro un des industriels et les véhicules électriques c’est l’avenir.

Volkswagen stoppe la production de ses voitures électrique en Allemagne

Volkswagen a annoncé la mise à l’arrêt de la production dans deux usines allemandes. En effet, si l’industrie automobile ukrainienne ne dispose pas d’usine d’assemblage majeure de la marque, elle comporte néanmoins des sites de production de différents équipementiers. Pour le groupe Volkswagen, ce sont déjà des faisceaux de câblages qui manquent pour des véhicules basés sur la plateforme MEB (une plate-forme automobile modulaire du groupe Volkswagen). Les usines de Zwickau et Dresde vont ainsi cesser leur production, dès mardi 28 février jusqu’à vendredi. A noter que les deux sites produisent uniquement des véhicules électriques : la Volkswagen ID.3 est produite dans les deux usines. Les ID.4, ID.5, Cupra Born et Audi Q4 sont assemblées à Zwickau uniquement.

Les fermetures d’usines automobiles en Russie se multiplient

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La liste des constructeurs automobiles qui ont pris la décision de stopper leur production en Russie s’allonge.     Le 03 mars, Toyota a annoncé la suspension de sa production sur le sol russe jusqu’à nouvel ordre. L’usine du constructeur japonais, localisée à Saint-Pétersbourg, emploie 2600 personnes et a produit plus de 80000 véhicules en 2021.  Le constructeur met en revanche l’accent sur le faible impact qu’auront ses événements sur le reste de la production européenne. Deux autres constructeurs japonais ont aussi suspendu leur exportation de produits vers la Russie. Mazda évoque dans un communiqué le risque que son activité encourt face au conflit. En effet, face aux incertitudes, l’entreprise va cesser d’envoyer des pièces à son usine située à Vladivostok. De son côté, Honda suspend également ses exportations vers la Russie (3000 voitures en 2021). Par ailleurs, Renault qui possède trois usines en Russie (pour une production badgée Renault, Lada ou Dacia), est contraint de fermer deux sites, l’un à Moscou, où est localisé les productions du Kaptur et du Duster, et l’autre à Togliatti (1000 km à l’est de Moscou) pour la production dédiée aux Lada. Au sein de l’Alliance, la situation reste cependant différente. Ainsi, Nissan, pour l’instant, maintient sa production sur le sol russe, basée à Saint-Pétersbourg. Même décision pour Mitsubishi. Le constructeur japonais, qui a vendu 21 000 véhicules en Russie, garde pour l’instant son usine près de Moscou en activité tout en n’excluant pas la suspension de la production.

La Russie suspend toutes les exportations de voitures vers les pays occidentaux

La Russie a décidé de suspendre les exportations de voitures parmi plus de 200 autres produits vers plus de 48 pays à travers le monde en réponse aux sanctions imposées par l’Occident à l’économie russe et ce, jusqu’à la fin de l’année. Cette interdiction se poursuit jusqu’à la fin de l’année et concerne les équipements techniques et médicaux, les voitures, les machines agricoles, les véhicules ferroviaires et autres. La mesure devrait affecter le constructeur automobile Stellantis, qui commercialise les marques Peugeot, Citroёn, Opel, Jeep et Fiat en Russie, et qui prévoyait de commencer à exporter des voitures produites en Russie vers l’Europe de l’Ouest avant l’invasion de l’Ukraine.

La crise Russie-Ukraine, Stellantis, un impact marginal

Stellantis ne contrôle que 1 % du marché automobile en Russie, mais il y exploite une usine dans la ville de Kalouga, à environ 200 kilomètres au sud-est de Moscou. Le groupe franco-italo-américain observe d’importantes difficultés logistiques terrestres pour son usine russe de Kaluga, où il emploie environ 3.000 personnes, mais l’activité du groupe en Russie – 11.000 fourgons produits l’an dernier et une vingtaine de millions d’euros de résultat financier – ne représente pas un poids significatif.

Cyberattaque contre Kojima industrie, fournisseur de Toyota en composants électroniques

Le plus grand constructeur automobile a suspendu, mardi dernier, toute sa production au Japon suite au piratage du réseau de l’un des fournisseurs. Tokyo, qui vient d’annoncer des sanctions contre Moscou, enquête sur des éventuels liens avec la crise en Ukraine. L’entreprise a découvert, dans le week-end, que le système informatique de la société Kojima Industries, qui lui fournit des composants électroniques et des pièces en plastique, a été attaqué par des hackers. Toyota, espère relancer ses 14 usines japonaises mercredi, 24 heures seulement après avoir décrété la suspension, pour la journée de mardi, de la totalité de sa production dans le pays. « Nous avons décidé de reprendre toutes nos opérations dès le premier cycle de production du 2 mars », a annoncé le groupe dans un communiqué.

Total Energie n’achetera plus de pétrole russe d’ici fin 2022

Le pétrolier français arrêtera tout achat de pétrole et de produits pétroliers russes « au plus tard à la fin de l’année 2022 ». Et promet des sources alternatives pour approvisionner l’Europe. Cependant, il refuse toujours de céder ses participations dans ses actifs gaziers. Une annonce d’envergure, alors que les pays européens ne sont pour l’instant pas parvenus à se mettre d’accord pour décréter un embargo sur l’or noir de Russie . Pour le PDG du Groupe « Abandonner ces participations sans contreparties financière contribuerait donc à enrichir des investisseurs russes en contradiction avec l’objet même des sanctions ». Il a par ailleurs cherché à minimiser l’importance de la Russie pour l’avenir de groupe en avancant que la seule conséquence depuis l’invasion de l’Ukraine est qu’il n’y a pas de futur de croissance en Russie pour TotalEnergie.

Les prix des métaux et des minerais également menacés

La crainte se porte aussi sur les métaux de base ainsi que les minerais stratégiques. La Russie est notamment le deuxième plus gros producteur d’aluminium derrière la Chine, mais également un très gros producteur de titane, de nickel ou de palladium. Ce dernier est utilisé dans les systèmes d’échappement de véhicules et est donc essentiel à l’industrie automobile. La Russie exporte la moitié du palladium mondial. En bourse, les valeurs minières liées à la Russie ont rebondi après leur chute de la veille à Londres. Mardi, les prix de l’aluminium et du nickel ont atteint des niveaux inédits depuis plusieurs années.

Pétroliers, constructeurs et équipementiers sont donc des victimes collatérales de la guerre en Ukraine. Pour autant, il serait illusoire de penser que les dégâts ne toucheront que les dividendes des actionnaires de ces entreprises. Le prix du carburant devrait continuer à exploser, les délais de livraison de certains modèles devraient continuer à s’allonger à des tarifs qui devraient continuer à augmenter.

Michelin : Arrêt de l’activité industrielle et des exportations

Michelin est le dernier en date à vouloir quitter la Russie. Le fabricant de pneus a expliqué mardi 15 mars l’arrêt de la production de son usine de Davydovo, près de Moscou, et de ses exportations vers la Russie. Le groupe précise : « Dans ce contexte très difficile et incertain, la priorité de Michelin est d’accompagner tous ses salariés affectés par cette crise et notamment ses salariés de Michelin Russie ». Michelin fabrique 1.5 à 2 millions de pneumatiques par an en Russie, principalement pour les voitures du marché local. Ses ventes représentent ainsi 2% de ses ventes totales (23,795 Mds€) en 2021, et 1% de sa production mondiale de pneus pour voitures de tourisme. A noter que le géant japonais du pneu Bridgestone avait également annoncé lundi la suspension à partir de vendredi de la production de son usine d’Oulianovsk, ainsi que de ses ventes et investissements en Russie.